Incertitudes politiques et économiques : comment le BTP peut s’adapter (et en sortir plus fort)

Les entreprises françaises du secteur de la construction et du BTP sont confrontées à un contexte politique et économique particulièrement instable qui affecte leurs activités : comment peuvent-elles s’y adapter ?

Florence Viret  |  10 Octobre 2025

Face à une conjoncture politique mouvante et aux aléas économiques et réglementaires qu’elle provoque, le secteur de la construction n’échappe pas aux secousses. Une situation qui oblige les acteurs du BTP français à naviguer à vue, voire à subir la mise en pause de certains projets, en attendant que l’horizon se dégage. Pourtant, la demande – portée par la rénovation énergétique, la modernisation d’infrastructures et l’entretien du patrimoine – reste bien présente. La période est aussi propice à une remise en question : et s’il était temps de faire évoluer ses modes de travail pour gagner en agilité ?

Un contexte politique et réglementaire incertain…

Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 et l’absence de majorité claire au Parlement, de nombreuses décisions d’investissement sont gelées, en particulier dans le secteur de la construction et de l’immobilier. Des appels d’offres sont décalés, les signatures de marchés sont ralenties et les arbitrages budgétaires des ministères comme des collectivités se font attendre. Dans la construction neuve comme dans la rénovation énergétique, l’avenir des dispositifs d’aide est en suspens, l’incertitude fiscale est maximale. S’ajoutent à cela des flous réglementaires (calendriers d’application, normes techniques, contraintes environnementales) qui allongent les délais et complexifient la gestion des risques pour les entreprises du secteur.

… qui a des conséquences bien tangibles pour le marché de la construction

Résultat : les carnets se décalent, la visibilité à 6 – 12 mois se réduit et la pression sur trésorerie et marges s’accentue, en particulier pour les PME et ETI du BTP. Cette situation a des conséquences très concrètes : comme le rapporte Batiactu, le secteur de la construction et de l’immobilier a concentré le plus grand nombre de pertes d’emplois de chefs d’entreprise durant le premier semestre 2025, selon les données de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, publiées fin aout 2025 par l’association GSC et le cabinet Altares.

Reprendre la main sur la situation

Face à ce brouillard, les entreprises qui s’en sortent le mieux ont un point commun : elles reprennent la main sur ce qu’elles contrôlent. Concrètement, il s’agit de prioriser les projets au retour sur investissement à court terme et de préparer le rebond en renforçant quelques fondamentaux : discipline financière, agilité commerciale, sécurisation des approvisionnements et industrialisation des méthodes. Par exemple, penchez-vous sur le fonctionnement de votre entreprise et identifiez les points de friction qui entraînent des retards superflus ou des coûts supplémentaires. De petits outils simples peuvent générer des améliorations conséquentes à moindre frais. Côté exécution, standardiser et numériser les flux et les échanges – plans, avenants, sous-traitance, appels d’offres, comptes rendus – permet notamment de réduire les reprises, de fiabiliser les décisions et de maintenir tout le monde aligné, au bureau comme sur chantier, via des outils collaboratifs cloud. C’est ainsi qu’une étude de Dodge Data & Analytics montre que 71% des entrepreneurs du bâtiment qui utilisent des outils numériques observent une amélioration mesurable de l’efficacité des projets. Une première étape consiste souvent à remplacer les flux de travail reposant sur du papier par des outils numériques : cela réduit l’impact des impressions, accélère les processus et se traduit par une meilleure gestion des données. Le tout en générant des économies substantielles.

Faire de l’incertitude un levier d’agilité

Enfin, investir maintenant dans les compétences clés et des solutions simples à déployer permet de gagner en productivité dès aujourd’hui… pour être tout à fait prêt lorsque les feux repasseront au vert. Dans une période de doute et de changements, il y a une constante : l’incertitude ne doit pas paralyser, elle peut même devenir un catalyseur d’agilité. En sécurisant la marge, en simplifiant les flux et en outillant la collaboration, vous réduisez l’aléa court terme et préparez le rebond.

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